Connaissance du résultat : le moteur de la motivation réciproque
«La mesure faite lors du début de la rééducation sert à objectiver le progrès, la stagnation ou la régression. La personne pourra donc vérifier l’efficacité de l’effort produit» (Laurent et al., 2007).[1] «La kinésithérapie par objectif consiste à déterminer, dès les premiers contacts, les critères qui signaleront la fin du traitement» (Viel, 1998).
"Les objectifs critériés permettent d’améliorer les performances par l’effet Pygmalion" (Rosenthal, 1968)[2] et la connaissance du résultat (CR) « condition sine qua non de l’apprentissage moteur» (Annett & Kay, 1957).[3] Annett Kay citée par Pierre Simonet. Apprentissages Moteurs. Vigot. p 151-
- La « Connaissance des Résultats » intrinsèque (je ne marchais pas, je remarche, je constate la réussite)
- La « Connaissance des Résultats » extrinsèque (je marche à 4 km/h)
- Le simple fait de fractionner les difficultés et de donner un objectif réalisable au patient, lui montre qu’une réussite est possible alors qu’il n’y croyait pas. Il se lance dans la recherche de cette réussite. La recherche du possible lève un peu l’inhibition motrice.
- Le kiné encourage le patient dans la réalisation de la consigne, il le « bouste » ! Paradoxalement, le bilan sera plus fiable si l’on note le meilleur possible que si l’on garde une attitude neutre. On est certain de noter la meilleure performance. Le bilan relatif sera plus fiable.
- la référence, la « norme » est mouvante. Chez l’hémiplégique, le kinésithérapeute ne prend pas le membre sain en référence immobile. Il part du principe que ce membre sain a été sensible à la baisse d’activité et qu’il sera donc également sensible à la reprise d’activité. C’est pourquoi nous avons choisi une référence absolue, pour avoir un relatif fiable ! (quelle référence)
Le schéma corporel et la prise de conscience des déficiences et incapacités segmentaires ( pour les AVC ?)
Habiletés transversales : coordination générale retrouvée dans les activités voisines
Habiletés longitudinales : coordination spécialisée spécifique à chaque activité
Le kinésithérapeute est subjectif car suggestif, la Mesure doit être objective.
Quand on demande au patient : "de quoi vous plaignez-vous ? "
La réponse porte le plus souvent sur une déficience, une impossibilité segmentaire : « je ne peux pas ouvrir la main ». Ce n’est que dans un deuxième temps, en reformulant la question que l’on obtient une réponse sur l’usage. "Dans quel geste ça vous handicape ?" Il nous parait important que le patient fasse le tour de ses déficiences, de son schéma corporel modifié avec le kinésithérapeute. Ainsi s’établit une relation de confiance du patient pour son kiné qui sait ce dont il souffre.
Utilisant toujours les mêmes épreuves d’appuis, d‘amplitudes, d’adresse, de vitesse et de force, le patient rentre dans une dynamique ludique d’acquisition. Les épreuves du bilan sont affichées dans la salle . Il va lentement apprendre à mesurer ses progressions et stagnations. Peu à peu, il mesurera, la différence qui le sépare de la représentation qu’il se faisait de la rééducation (celle qui permet de « récupérer »).
Lentement, à travers les mêmes épreuves, il va peu à peu mettre en place un processus d’intégration des incapacités qui resteront définitives.
Le score des changements de position
Les patients se plaignent: "je manque d'équilibre". Cette notion d'équilibre est abstraite et nous avons essayé de lui "donner corps".
Nous avons inventorié le nombre de positions tenues et de changements de position à partir des méthodes globales et du développement psychomoteur de l'enfant.
505 items. on donne un point par item réussi ce qui transforme ses capacités d'équilibre à un pourcentage fiable. (Il faut 5 positions nouvelles pour varier d'un pour cent).
Ce qui nous importe en scorant les positions, c’est que le patient ait une référence stable. Après plusieurs mois de stagnation, nous pouvons argumenter sur la baisse de fréquence de rééducation afin de passer de la période de gain à la période d’entretien.
La performance de déplacement
Il y a deux types de mesure:
- le périmètre fonctionnel: Le périmètre est la distance propre parcourue par chacun sans halte.
- D'autres peuvent marcher jusqu'à un kilomètre. On arrête là l'épreuve.
- D'autres après une demi heure de marche sans halte n'ont toujours pas couvert un kilomètre. On arrête là aussi l'épreuve.
- le périmètre performant: pour les personnes qui marchent avec canne ou rollator voire fauteuil roulant, on mesure également la marche performante: quelle distance la personne est-elle capable de parcourir sans appui? On va l'entraîner dans cette épreuve car nous considérons que c'est pour eux un footing rééducatif.
La synthèse et l’ajustement du projet du patient et du projet du kiné
Le recueil des données s’effectue sur dossier papier en séance. On se retrouve ensuite à intervalle régulier toutes les 50 séances pour recopier ensemble les données à l’ordinateur et en faire la synthèse pour voir à travers les stagnations et progrès quel est le nouveau projet de rééducation. La connaissance des résultats renforce l'effet de la rééducation.
⚠️ Les kinés correcteurs détournent le sens de la connaissance du résultat : ils portent l'attention du patient sur le "comment", je fais plutôt que sur la performance.
Les kinés correcteurs portent à la conscience du patient qu'il ne fait pas bien le patient "s'applique à bien faire", sans jamais y parvenir puisqu'il est déficitaire. La connaissance du résultat devient alors une machine à culpabiliser.
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[1] LAURENT, F., REAL, F., ZELLNER, F., MIQUEL, C., MAILLARD, S., & COMBES, R. (2007). La rééducation des membres et du tronc des personnes cérébro-lésées: Se construire des références standardisées. Kinésithérapie scientifique, (473), 27-38.
Evolution des concepts en rééducation du patient hémiplégique – Annales de rééducation de médecine Physique 48 (2005) 270-277
[2] Rosenthal, R., & Jacobson, L. (1968). Pygmalion in the classroom. The urban review, 3(1), 16-20.
[3] Annett, J., & Kay, H. (1957). Knowledge of results and skilled performance. Occupational Psychology.
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